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Larguer les amarres.
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2 mai 2010

L'début d'la fin.

Je me demande un peu pourquoi je commence tout ça, là, ici. L'envie d'retaper des mots qui ne servent à rien sur un clavier, qui revient, tout d'un coup, discrètement, qui vous pousse à choisir un nom, un mot de passe, qui vous pousse à l'impudeur. La solitude de ce soir de mai, ce premier soir de mai. En mai, fais ce qu'il te plaît ! Dans c'cas j'partirais bien, recommencer tout, tout, tout, tout à zéro ou presque. Du neuf. Nouveaux horizons, nouvelles rencontres, nouvelles déceptions, nouvelles trahisons, nouvelles petites mesquineries, nouveaux rires, nouveaux instants de joie, nouvelles effusions, nouvelles disputes, nouvelles rancunes, nouvelles réconciliations, et se rendre compte qu'ici ou ailleurs, tout est pareil, alors pourquoi partir. Je voudrais bien ce soir ne pas avoir en bouche le goût âcre de cette première gorgée de bière bue seule. La furieuse envie de fumer, et ça faisait presque un an que je n'avais pas eu cette vraie envie. J'voudrais bien ce soir arrêter de pleurer, pour pas grand chose finalement, pour le premier échec, le premier vrai échec, cuisant, paf, tout d'un coup dans la gueule, on s'y attendait pas, on s'y attendait vraiment pas, on comprend pas comment ça se fait, il faudrait au moins qu'on sache pourquoi, tu ne veux pas les appeler pour demander la raison, tu veux que je les appelle pour savoir pourquoi. Pourquoi c'est non, pourquoi c'est allez vous faire foutre, non nous ne voulons pas de vous, eh non, la vie est ainsi, ça ne vous aura servi à rien de trimer pendant ces années, non nous ne voulons pas vous laisser une chance. J'y croyais, j'y croyais vraiment. Now show me the way to the next whisky bar. 

J'voudrais oublier une seconde cet épisode. Arrêter de devoir expliquer à tout le monde, d'en avoir honte, honte de ne pas avoir été à la hauteur, je n'croyais pas ça possible, en tout cas pas comme ça, non, pas comme ça. Ce soir faut peut-être que j'arrête d'écouter des musiques déprimantes, que j'arrête de regarder mon téléphone toutes les dix-sept secondes pour vérifier qu'il n'a pas sonné. J'ai les mains qui tremblent trop pour m'remettre à mes colliers, j'arrive pas à enfiler les perles. J'me sens seule comme c'est pas possible, je n'sais pas qui appeler, j'me sens mal comme je l'ai rarement été, j'voudrais juste me terrer dans un trou et y rester pour les quelques mois à venir. 

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